Travailler plus ou mieux afin de relancer l'économie ?

Travailler plus pour relance l’économie ? Pas si vite !

La déclaration de Gérald Darmanin, affirmant que "le sujet en France est qu'on ne travaille pas assez" et que "la bonne réponse n'est pas d'augmenter les impôts, mais de travailler plus", repose sur une conception du travail comme principal levier pour la croissance économique. Bien que cette position soit largement défendue dans les milieux libéraux, elle mérite d’être examinée sous plusieurs angles. En effet, de nombreuses recherches montrent qu'il est possible d'augmenter la productivité tout en réduisant le temps de travail, remettant en question l'idée que "travailler plus" est la seule solution.

1. Le travail comme moteur de croissance : une vision réductrice

Darmanin suggère que travailler plus, en augmentant le nombre d’heures de travail ou en prolongeant la durée de la vie active, serait la clé pour redresser l'économie française. Cependant, cette vision simplifie une réalité plus complexe. La France fait partie des pays développés ayant l'un des taux de productivité horaire les plus élevés. Cela signifie que, en moyenne, les travailleurs français produisent beaucoup en peu de temps. Le problème n’est donc pas nécessairement lié à la quantité de travail, mais plutôt à l’organisation du travail et à d’autres facteurs comme le taux de chômage, la formation, ou l’innovation.

La productivité ne dépend pas uniquement du nombre d’heures travaillées, mais aussi de la qualité du travail, des outils disponibles, et de l’environnement dans lequel les employés évoluent. En ce sens, augmenter la durée du travail sans investir dans la qualité ou l'efficacité des processus pourrait même nuire à la productivité, en augmentant la fatigue et la démotivation des salariés.

2. Les limites du modèle de "travailler plus"

Le modèle proposé par Darmanin risque de heurter les acquis sociaux en France, tels que les 35 heures ou les régimes de retraite. Beaucoup considèrent ces protections comme des avancées permettant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Au lieu de remettre en question ces acquis, il est possible d’adopter une approche plus innovante, centrée sur l'efficacité et l'amélioration des processus.

3. L'alternative : travailler mieux, pas plus

Plutôt que d’augmenter le nombre d'heures travaillées, de nombreuses entreprises et pays ont démontré qu’il est possible d’améliorer la productivité en travaillant moins mais mieux. Voici quelques stratégies efficaces pour atteindre cet objectif :

a. Investir dans la technologie et l’automatisation

L’automatisation des tâches répétitives et l’intégration de technologies avancées comme l’intelligence artificielle permettent de réduire la charge de travail tout en augmentant la productivité. Par exemple, des logiciels d'optimisation et des robots peuvent accomplir des tâches répétitives et chronophages, libérant du temps pour les travailleurs afin qu'ils se concentrent sur des activités à forte valeur ajoutée.

b. Réorganiser le travail pour maximiser l'efficacité

Des méthodes de gestion modernes, telles que le lean management ou la gestion agile, permettent d’optimiser les processus en supprimant les gaspillages (de temps, d’efforts, ou de ressources) et en focalisant les efforts sur les tâches essentielles. Par exemple, en réduisant les réunions inutiles ou en simplifiant les processus administratifs, on peut libérer du temps pour des tâches réellement productives sans allonger les heures de travail.

c. Formation continue et développement des compétences

Des employés mieux formés et plus qualifiés sont capables de travailler plus efficacement. Investir dans la formation continue permet de réduire les erreurs, d’accélérer les processus et d'améliorer la performance globale. Le développement des compétences, en particulier dans le domaine du numérique, permet aux salariés de tirer parti des outils modernes pour être plus productifs sans allonger leur journée de travail.

d. Flexibilité et télétravail

Le télétravail, qui s'est largement répandu durant la pandémie de COVID-19, a prouvé qu'il peut améliorer la productivité tout en offrant une meilleure qualité de vie aux travailleurs. En permettant plus de flexibilité dans les horaires et en réduisant les temps de transport, les entreprises peuvent créer des conditions de travail plus favorables à la concentration et à la performance.

4. La réduction du temps de travail peut augmenter la productivité

Des expérimentations menées dans différents pays et entreprises ont montré que réduire le temps de travail peut augmenter la productivité. Par exemple, la semaine de quatre jours, adoptée par certaines entreprises, a permis non seulement de maintenir, mais même d'augmenter la productivité des employés. Cette approche permet aux salariés d’être plus concentrés, plus reposés, et donc plus performants pendant le temps de travail, sans avoir besoin de travailler davantage d’heures.

5. Innovation et R&D : les clés pour une croissance durable

L'innovation est un moteur essentiel de la productivité. Investir dans la recherche et développement (R&D) permet d'améliorer les processus, de développer de nouveaux produits ou services, et d'accroître l'efficacité de la production. Les entreprises et pays qui misent sur l’innovation peuvent maintenir une productivité élevée sans imposer de contraintes supplémentaires à leurs travailleurs. Cela implique de soutenir l’innovation technologique, mais aussi organisationnelle, pour maximiser l'impact des efforts de chacun.

6. Améliorer le bien-être au travail pour booster la productivité

Un meilleur **bien-être des employés** est souvent synonyme de productivité accrue. Le stress, la fatigue et le burn-out sont des obstacles majeurs à la performance. Ainsi, en prenant soin de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en offrant des conditions de travail ergonomiques, et en permettant des pauses régulières, les entreprises peuvent améliorer à la fois le bien-être des employés et leur efficacité.

Conclusion :

Chez Guigon Coaching, nous croyons que la productivité est une question de qualité, pas de quantité

Plutôt que de travailler plus, il est possible et même souhaitable de travailler mieux. En investissant dans la technologie, en réorganisant le travail, en améliorant la formation et en innovant, la France pourrait non seulement accroître sa productivité, mais aussi préserver la qualité de vie des travailleurs. Le défi n'est pas de travailler plus longtemps, mais de travailler plus intelligemment, en maximisant l'impact de chaque heure travaillée. Cela permettrait de résoudre les défis économiques tout en respectant les acquis sociaux et en maintenant un haut niveau de bien-être pour tous.